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Presidium

Les leaders de l’Internationale Socialiste abordent la crise financière mondiale lors d’une réunion aux Nations Unies

26 septembre 2008

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Faire face à la crise financière mondiale a constitué la principale préoccupation du Présidium de l’Internationale Socialiste, qui a compté sur la participation d’un nombre de chefs d’Etat et de gouvernements, ainsi que de directeurs d’agences des Nations Unies, lors de sa réunion au siège des Nations Unies à New York à l’occasion de la 63ème session de l’Assemblée générale de l’ONU.

S.E. Michelle Bachelet, présidente du Chili; S.E. Jalal Talabani, président de l’Iraq; S.E. Alfred Gusenbauer, chancelier de l’Autriche, tous les trois des vice-présidents de l’Internationale, ont pris part à cette première réunion du Présidium élu au XXIII Congrès de l’Internationale, ainsi que S.E. Tarja Halonen, présidente de la  Finlande; S.E. Martin Torrijos, président du Panama; S.E. Boris Tadic, président de la Serbie et Sanjaagiin Bayar, premier ministre de la Mongolie, en tant qu’invités.

La crise financière qui affecte profondément le monde aujourd’hui a été d’une importance primordiale lors des discussions du Présidium de l’IS réuni au siège de l'ONU à New York le 26 septembre 2008, conjointement avec la 63ème session de l’Assemblée générale...  Texte intégral

Le président de l’Internationale Socialiste, George Papandreou, a ouvert les discussions du Présidium, lequel comprenait Luis Ayala, secrétaire général de l’Internationale Socialiste, ainsi que d’autres vice-présidents élus : Pascal Affi N’Guessan, président du Front Populaire Ivoirien, FPI, Côte d'Ivoire; Ramón Alburquerque, président du Parti Républicain Dominicain, PRD, République dominicaine; Victor Benoît, leader du Parti Fusion  des Sociaux-Démocrates Haïtiens; Nouzha Chekrouni, de l’Union Socialiste des Forces Populaires, USFP, Maroc;  Sher Bahadur Deuba, du Parti du Congrès Népalais; Massimo D’Alema, des Démocrates de Gauche, DS, Italie ; Elio Di Rupo, président du Parti Socialiste, PS, Belgique; Mirjana Feric-Vac, du Parti Social-Démocrate, SDP, Croatie; Eero Heinäluoma, du Parti Social-Démocrate Finlandais, SDP; Chantal Kambiwa, du Front Social Démocratique, SDF, Cameroun; Manuel Laguarda, du Parti Socialiste d’Uruguay, PSU; Juliao Mateus Paulo, secrétaire général du MPLA, Angola, Beatriz Paredes, présidente du Parti Révolutionnaire Institutionnel, PRI, Mexique ; Mona Sahlin, présidente du Parti Social-Démocrate Suédois, SAP ; Radmila Sekerinska, de l’Union Sociale-Démocrate de Macédoine, SDUM; Maria Titizian, FRA Parti Socialiste Arménien; Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Parti Socialiste du Sénégal, PS; Poul Nyrup Rasmussen, président du Parti des Socialiste Européens, PSE; Pia Locatelli, présidente de l’Internationale Socialiste des Femmes, ISF; et  Jacinda Ardern, présidente de l’Union Internationale de la Jeunesse Socialiste, IUSY.

Les invités des Nations Unies qui ont introduit le débat sur l’urgente situation financière ont compris Juan Somavía, directeur général de l’Organisation internationale du Travail, (OIT) ; Kemal Dervis, administrateur du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ; et Alicia Bárcena, secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraibes (CEPAL).

Les discussions du Présidium ont souligné l’ampleur et l’étendue de la crise financière, relevant que les signes annonciateurs d’une telle vulnérabilité mondiale, avaient été plus qu’évidents, dans un modèle basé sur une cupidité économique irresponsable, combinée à une pauvre régulation et gestion politique. Les membres du Présidium ont exhorté, au cours de leurs échanges, à s’éloigner des sociétés uniquement basées sur l’argent créant l’argent et à retourner à des économies réelles et saines. Les participants ont mis en avant le besoin de règles financières claires et transparentes et ont lancé un appel pour l’établissement d’une Organisation financière mondiale pour renforcer la régulation et la responsabilisation internationales. Ils étaient également unanimes pour que la réponse progressiste adopte une approche intégrée, accordant la même importance aux préoccupations financières, économiques, sociales et environnementales.

L’instabilité financière mondiale actuelle, a souligné la réunion, ne devrait pas nuire à la réalisation des cibles établies par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et des appels ont été lancés pour que des résultats concrets soient produits lors de la prochaine Conférence pour le financement du Développement qui se déroulera à Qatar, alors que la communauté internationale est en danger de régresser dans la lutte contre la pauvreté et le redressement des inégalités mondiales.

Tous ceux qui étaient présents ont convenu que la situation constituait aujourd’hui non pas une ère de changement mais un changement d’ère, et qu’elle représentait en tant que telle, un moment définissant pour les forces sociales-démocrates afin qu’elles définissent clairement un nouveau paradigme et de réelles solutions. A cette fin, le Présidium a décidé d’établir une Commission de l’Internationale Socialiste sur les questions financières mondiales pour présenter des recommandations claires et opportunes ainsi qu’une feuille de route sur une façon de sortir de la crise. Une déclaration a été émise, reflétant les différents éléments convenus lors des discussions.

Le Présidium a également abordé d’autres questions de préoccupation actuelle, y compris un rapport du premier ministre de la Mongolie sur la fin de l’impasse électorale dans laquelle se trouvait son pays suite aux récentes élections législatives ; un compte-rendu du vice-président Victor Benoit, sur les effets dramatiques de quatre ouragans sans précédents qui ont déferlés sur Haïti ; une vue générale du président Boris Tadic sur la situation politique actuelle en Serbie ; une perspective sur la situation dans le Caucase du Sud suite à la crise qui a lieu, présentée par la vice-présidente Maria Titizian ; et une présentation du vice-président Pascal Affi N’Guessan sur le cadre politique avant la tenue des élections en Côte d’Ivoire pour y consolider le processus de paix.

Les membres du Présidium ont également échangé des points de vue sur les tâches et priorités de l’Internationale. Le Présidium a convenu de faire de la réunion en conjonction avec l’Assemblée générale des Nations Unies un évènement annuel à l’avenir et de tenir la prochaine réunion du Conseil, qui sera accueilli par les partis membres mexicains dans leur pays, ces 17 et 18 novembre pour discuter un ordre du jour ayant à son centre la situation financière mondiale urgente, dans le contexte des nouveaux développements politiques suite aux élections aux Etats-Unis. 


DECLARATION SUR LA CRISE FINANCIERE MONDIALE
 
La crise financière qui affecte profondément le monde aujourd’hui a été d’une importance primordiale lors des discussions du Présidium de l’Internationale Socialiste réuni au siège des Nations Unies à New York le 26 septembre 2008, conjointement avec la 63ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
 
Pour le mouvement social-démocrate mondial, les signes annonciateurs de l’échec massif du système financier international actuel n’ont été que trop évidents, comme l’avait affirmé l’Internationale Socialiste lors de nombreuses occasions précédentes. Les politiques de laissez-faire étaient au centre d’un modèle économique qui opère depuis les trois dernière décennies, avec aucun compas moral, et dans lequel la cupidité irresponsable allait de paire avec une gestion politique pauvre et des politiques régulatrices inexistantes ou inadéquates. Au sein du système de gouvernance actuel, un nombre restreint a pu prendre des décisions au niveau financier affectant des millions de citoyens, dans un contexte où les politiques et la responsabilité étaient absentes ou dévalorisées.
 
La domination des marchés spéculatifs combinés à un système financier non régulé ont mené à des politiques non viables fondées non pas sur une réelle croissance économique mais sur l’argent créant l’argent. Pour le mouvement social-démocrate mondial, les temps actuels constituent un moment décisif, dans lequel les priorités et alternatives réelles doivent maintenant être placées au centre de l’agenda politique pour nous guider et nous sortir de cette crise. Nous ne vivons pas une ère de changement mais un changement d’ère, et les préoccupations financières, économiques, sociales et environnementales doivent être intégrées dans une feuille de route politique progressiste qui devra donner la priorité aux gens.
 
Un nouveau paradigme et des solutions réelles devraient être basés sur un renforcement des partenariats dans la dimension Nord-Sud et dans les dimensions régionales, renforçant le processus politique légitime à travers les frontières pour traiter les problèmes interdépendants, tels que l’augmentation des prix des denrées alimentaires, l’augmentation des coûts de l’énergie et faire face aux désastres naturels. Elles doivent également redresser les déséquilibres économiques et sociaux et répondre aux besoins réels des citoyens en ce qui concerne la santé, la sécurité sociale, l’éducation et du travail décent. Pour atteindre ces objectifs, une cohérence politique est nécessaire et non pas une conditionnalité politique comme ce fut le cas par exemple, pendant trop longtemps, avec les pays en développement.
 
L’effondrement des politiques néolibérales présente deux défis spécifiques qui doivent être surmontés. Tout d’abord, la réponse à la crise ne devrait pas répéter les mêmes concepts mal fondés du passé, et ensuite, leur effondrement ne mènera pas nécessairement à un renforcement des politiques progressistes, mais pourrait voir l’émergence de politiques fondamentalistes de l’extrême droite causées par la peur et la marginalisation. L’Internationale Socialiste, s’engage donc à mettre en avant une vision de responsabilité mondiale, de politiques et de régulation qui ne devraient pas mener à des privatisations continues du profit et à la socialisation des pertes, et qui devrait regagner la confiance des citoyens avec une gouvernance financière transparente et durable, incluant l’établissement d’une Organisation financière mondiale.
 
L’Internationale, dans son soutien continu à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) a souligné lors de cette session actuelle de l’Assemblée générale des Nations Unies le besoin urgent de ne pas porter atteinte à leur réalisation au milieu de cette instabilité financière mondiale. Le Présidium lance un appel pour que des résultats concrets soient produits lors de la Conférence pour le financement du développement qui se tiendra à Qatar plus tard dans l’année, alors que la communauté internationale court le danger de régresser dans ses efforts pour s’attaquer à la pauvreté et aux inégalités mondiales.
 
Avec l’objectif spécifique d’établir des recommandations et une feuille de route pour sortir de cette crise financière, le Présidium décide de l’établissement d’une Commission de l’Internationale Socialiste sur les questions financières mondiales pour présenter des propositions claires et opportunes, réaffirmant le rôle des politiques progressistes dans la construction d’une économie juste, viable et humaine pour tous les citoyens du monde.