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Africa

PRIORIDADES SOCIALISTAS en Africa - reunión de la IS en Níger

24-25 de abril de 2006

Gouvernance en Afrique : La démocratie à l'épreuve des expériences africaines

Pour examiner la Gouvernance en Afrique, il nous paraît opportun d’analyser comment fonctionne la démocratie à l’épreuve des expériences ?

Présentée souvent comme le meilleur des systèmes politiques, la démocratie a toujours été considérée comme le premier label de protection et d’harmonie sociale.

Aussi elle a tendance à s’universaliser autour de certains critères qui lui paraissent indispensables. Ce sont les élections libres, un contre pouvoir structuré et indépendant, une possibilité d’alternance politique, une séparation de pouvoir, une liberté de presse.

Cependant, force est de constater que si généralement en Afrique l’adoption ne pose pas de problème du point de vue institutionnel et législatif, des difficultés réelles surviennent quant à la pratique elle-même. C’est pourquoi dans beaucoup de pays on note malgré l’adoption des règles d’organisation et de fonctionnement de la démocratie une inertie totale dans l’émergence d’un véritable Etat de droit garantissant les droits et libertés des citoyens ; qui plus est, dans la plupart des Etats africains engagés dans le processus de démocratisation, le décollage économique attendu du fait des nouvelles méthodes de gestion n’est pas au rendez-vous.

Dès lors, aux yeux de beaucoup de citoyens africains la démocratie n’est plus considérée comme une panacée. L’espoir des lendemains qui chantent cède la place au désenchantement.

Il y a manifestement une difficulté d’être de la démocratie en Afrique, même si il est vain de prouver aujourd’hui, le caractère universel de l’exigence démocratique, qui n’est que la manifestation au niveau social de la liberté humaine, facteur constitutif de la nature de l’homme par lequel il se distingue du reste du règne animal. Cependant en Afrique le caractère relativement récent des exigences démocratiques peut faire douter de la capacité des Etats de respecter et de faire respecter de façon scrupuleuse les règles du jeu démocratique. Ce qui nous amène à examiner les obstacles auxquels buttent ces expériences démocratiques actuellement en cours en Afrique.

 

  1. Les survivances des traditions africaines dans la gestion de l’Etat moderne :

Evoquer le poids des traditions africaines dans la gestion de l’Etat moderne, c’est montrer comment certaines valeurs propres aux sociétés africaines constituent un frein à l’épanouissement de la démocratie.

Ainsi la primauté conférée à certaines valeurs telles que l’ordre traditionnel, l’ethnie, la religion, toutes choses qui enserrent l’homme dans un faisceau de relations qui aliènent sa liberté en tant que citoyen, contrarient l’exercice de la démocratie.

Beaucoup des dirigeants africains ont hélas ! souvent utilisé ces valeurs pour conquérir le pouvoir et s’y faire maintenir, nombreux sont les partis politiques en Afrique qui ont recours aux arguments ethniques et tribaux pour conquérir l’électorat.

Cette pratique gangrène aussi l’administration publique et para-publique. Les différents postes sont attribués non en fonction du mérite, de la compétence, de l’expérience mais plutôt d’une répartition - selon les modalités connues des seuls intéressés- basée sur des critères d’affinités(partisanes, régionales ou ethniques). La conservation ou le maintien, la promotion ou la rétrogradation à ces mêmes postes, obéissent à la même logique. Ainsi par exemple tout contentieux (malversation financière d’un agent de l’Etat, indiscipline au sein de l’armée ou tout autre institution de l’Etat) est rarement traité en lui-même. Dans ces conditions, c’est bien souvent que des agents mis en cause dans l’exercice de leur fonction, trouvent plus utile de ´ politiser ª ou de tribaliser le contentieux en soutenant que, à travers eux c’est en fait leur parti, leur région ou leur ethnie qu’on vise.

De cette situation, il résulte un relâchement de la discipline administrative, du sens de la hiérarchie et de la responsabilité, une subordination généralisée ; toutes choses qui alimentent la mal gouvernance et entraînent le dysfonctionnement de l’Etat.

 

2) Mal gouvernance et perversion démocratique :

Le processus de démocratisation actuellement à l’œuvre en Afrique souffre non seulement des avatars de ´ l’ethno-démocratie ª négation même de ce que le concept de démocratie suppose, mais aussi de la mauvaise gouvernance.

Bien souvent en Afrique, la vision du pouvoir est totalement pervertie du fait que la gestion est conçue non pas comme l’occasion de la promotion de l’intérêt général mais de la prise en charge d’intérêt exclusifs de ceux qui sont au pouvoir. Or, la participation populaire est l’un des fondements de la bonne gouvernance et de la démocratie car elle offre au pouvoir sa légitimité.

Mais beaucoup de dirigeants africains même issus d’élections pluralistes et libres restent souvent l’otage des groupes politiques, ethniques, religieux, économiques ou sociaux, qui ont contribué à leur accession au pouvoir. Le cas le plus illustratif est celui d’un homme comme Abdoulaye Wade au regard de la façon dont il flirte avec les chefs des confréries religieuses.

C’est dans ce faisceau de relations tissées entre les gouvernants et ces groupes spécifiques que le pouvoir est géré. Il en résulte que les rapports entre les dirigeants et les citoyens sont notoirement pervertis dès lors que les dirigeants sont assujettis à ces groupes de pression et ne risquent rien des citoyens qui n’ont aucune possibilité d’influencer les décisions prises.

Il en résulte aussi que les dirigeants se sentent irresponsables devant les citoyens et n’ont aucune obligation de rendre compte. Cette défaillance de la gouvernance ouvre la porte à toutes les dérives telles que la corruption, le népotisme, la concussion etc.

Cette situation peut perdurer aussi longtemps, tant que la primauté du droit et les Institutions de la République qui la soutiennent n’auront pas démontré leur capacité à répondre aux préoccupations du citoyen et assurer son indispensable instruction civique.

Du reste les partis politiques censés assurer cette formation civique et politique des citoyens — en l’absence d’une société civile structurée et dynamique- continuent plutôt à cultiver un partisianisme exacerbé en sacrifiant les intérêts de l’Etat à l’autel de leurs propres intérêts. Ce qui importe, c’est la loyauté du militant envers le parti et son dirigeant plutôt que celle du citoyen envers l’Etat ou la loi.

Ce phénomène de clientélisme qui envahit tous les rouages de l’Etat est révélateur d’une certaine conception de la politique. En Afrique, bien souvent, on a tendance à attendre de la politique qu’elle apporte le bien être personnel recherché à travers l’engagement militant ; ce qui pervertit totalement les rapports du citoyens avec l’Etat qu’il ne voudra servir que quand il lui procure des avantages personnels.

Ainsi, du fait aussi de la pauvreté généralisée, la conquête du pouvoir est soustendue par des préoccupations strictement alimentaires et toutes les stratégies politiciennes qui jurent avec la bonne gouvernance sont mises en œuvre pour se maintenir au pouvoir.

A ces facteurs compromettant le processus de démocratisation en Afrique s’ajoute la censure au niveau des médias.

  1. Censure des médias publics :

S’il est vrai que la démocratisation en cours en Afrique a permis un foisonnement de la presse et favorisé une certaine liberté de ton et de contenu au niveau de la presse dite ´ privée ª, il n’en demeure pas moins que la presse publique reste encore muselée.

En effet, la presse est traditionnellement à cheval entre la société politique d’un côté et le reste de la société de l’autre, c’est aussi le lieu où s’élaborent et se forment la conscience et l’opinion publiques nationales. Aussi l’efficacité de son action et l’influence qu’elle exerce dans les choix de société, surtout en période électorale, expliquent la tentation de tous les pouvoirs politiques d’orienter les actions des médias pour leurs seuls bénéfices.

Les médias publics continuent aujourd’hui encore à chanter les louanges des dirigeants, à magnifier leurs hauts faits ignorant totalement leur rôle de formation civique et morale des citoyens.

Le recours à la désinformation officielle, à la manipulation des consciences, à la propagande partisane qu’on pensait révolu, connaît paradoxalement une extraordinaire sollicitude sous certains régimes supposés démocratiques.

Cette propension de la pression publique à recourir à la désinformation a pour corollaire aussi de susciter la rumeur qui se substitue à la véritable information. Une information dissimulée circulera de toute façon, souvent plus amplifiée et dotée d’une charge dramatique et émotionnelle plus intense.

Du coup le citoyen est confiné- faute d’accéder à l’information, la vraie- à communiquer par le mode de la rumeur. Ainsi, faute de jouir de son droit à l’information il se délecte de son ´ droit ª à la rumeur.

Le déni de ce droit à l’information a été dans bien des cas, source de conflits et d’instabilités dans les jeunes démocraties.

 

Pour nous résumer nous pouvons retenir que les expériences démocratiques en Afrique souffrent de certains travers tels que :

  • la tendance à récompenser l’engagement partisan plutôt qu’à promouvoir les critères objectifs de la compétence des individus;
  • une vision du pouvoir totalement pervertie qui ne prend pas en compte l’intérêt général ;
  • une mauvaise gouvernance économique fondée sur la prédation des deniers publics.

La réponse des socialistes et des socio-démocrates à ces questions, consistera à promouvoir les valeurs de l’Humanisme pour :

  • Lutter contre les inégalités, les injustices nées des discriminations entre les hommes ;
  • Sauvegarder les institutions républicaines pour combattre les forces rétrogrades qui utilisent leur identité pour conquérir le pouvoir ;
  • Combattre la conception patrimoniale de l’Etat en le dotant d’une administration de développement ;
  • Lutter contre la conception prédatrice de l’Etat qui privilégie le favoritisme, les passes- droits, le clientélisme ;
  • Bâtir une conscience civique et citoyenne ;
  • Promouvoir la bonne gouvernance par des législations et des institutions modernes en vue d’une gestion saine de l’économie 
  • Oeuvrer pour un ordre mondial plus juste et plus humain en luttant contre le néo-libéralisme ambiant qui a la prétention de s’imposer comme une agence d’homologation de la démocratie.



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