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CONSEIL

CONSEIL DE SAINT DOMINGUE - A un moment crucial pour un futur durable : la voie social-démocrate

23-24 novembre 2009

 
DECLARATION 

LES DEFIS DU DEVELOPPEMENT MONDIAL A LA FIN DE 2009 ET LES PERSPECTIVES POUR 2010 – LES DIMENSIONS ECONOMIQUES, SOCIALES, ENVIRONNEMENTALES ET CULTURELLES
 
Original : anglais
 
 
L’année 2009 – comme aucune année auparavant – a été et est toujours caractérisée par des problèmes et défis mondiaux. Dans la plupart des états il n’existe plus aucun doute que le développement mondial doit être géré par des politiques mondiales – que ce soit dans des pays très peuplés comme la Chine ou l’Inde, dans des états militairement puissants comme les Etats-Unis, dans des économies fortes comme l’UE ou le Japon, ou dans des états riches en matières premières comme la Russie. De plus, la gestion moniale demande un ordre politique mondial dans lequel tous les peuples et leurs représentants politiques – riches ou pauvres – ont le droit d’influence au travers de la participation. Cela répondrait aux droits politiques de l’Homme qu’impose le droit international. Seul le développement durable mondial répond aux besoins de la vaste majorité des personnes et des conditions naturelles de la Terre, la durabilité de la société mondiale dans ses dimensions économiques, écologiques, sociales et culturelles. L’année 2009 confirme aussi que les politiques néo-libérales et le capitalisme « casino » ne sont pas efficaces et ne répondent pas aux besoins des peuples. L’alternative réelle à ces politiques est l’approche social-démocrate du développement économique, de la protection et de la justice sociale, et de la protection de l’environnement. La politique de protection sociale n’est pas contraire à la compétitivité des entreprises, mais un élément incontournable des entreprises modernes et de la compétitivité moderne. A son XXIIème Congrès, en 2003 à Sao Paolo, l’Internationale socialiste a adopté une « Approche social-démocrate » pour la « Gouvernance mondiale », qui est une approche complète donnant la base pour formuler des propositions d’actions axées sur la gestion des nouveaux défis et évènements de 2009. Le Rapport de la Commission de l’Internationale socialiste pour Une Société mondiale durable, présidée par Ricardo Lagos et Göran Persson, a confirmé cette approche, tout en la développant davantage. La décision de l’Internationale socialiste, les 6 et 7 novembre à Santiago, au Chili, d’appeler la Commission : « Commission pour Une Société mondiale durable » s’inscrit dans la reconnaissance du fait que tous les peuples du monde forment une société, et que les sociétés exclusives ne reflètent plus la réalité actuelle et leurs exigences politiques communes.
 
A.
2009 a été marquée par l’impact de la crise financière mondiale, qui a conduit à de sérieux problèmes de croissance et de chômage dans tous les pays du monde. A la fin de l’année 2009, des milliards de personnes dans le monde souffrent toujours de la crise mondiale déclenchée par les marchés financiers non régulés. L’éruption de la crise vient des Etats-Unis et des nations plus développées, mais en 2009 elle s’est répandue rapidement dans les pays les moins développés. Egalement, les états avec de solides systèmes bancaires, qui ne participent pas à des transactions financières à risque, sont affectés par la réduction des investissements étrangers et la chute des transferts de leurs émigrants. Ceci est vrai pour l’Europe de l’Est, y compris la Russie, pour l’Afrique et pour les Etats d’Amérique latine. Depuis septembre, le Produit intérieur brut s’est à nouveau accru, mais le chômage ne décline toujours pas – dans plusieurs pays, effectivement, il continue d’augmenter. 
 
L’Internationale socialiste s’est penchée sur les causes de la crise financière mondiale, a pris position et a fait des propositions pour un ordre financier global meilleur. Elles sont fondées sur le travail de la Commission de l’Internationale socialiste sur les Questions financières mondiales, présidée par Joseph Stiglitz. L’Internationale socialiste a adopté, à son Conseil du Mexique, les 17 et 18 novembre 2008, des directives, intitulées « Vers une nouvelle Architecture financière ». Le 31 mars, la Commission a envoyé un message au Sommet du G20 à Londres ; le 23 septembre, le Présidium de l’IS a adopté une déclaration sur la « Crise financière mondiale et le Sommet de Pittsburgh ».
 
Pour 2010, l’IS se concentrera sur de nouvelles stratégies économiques et sociales pour une politique mondiale coordonnée afin de gérer la crise et ses conséquences. Ces stratégies comprennent les besoins sociaux et la nécessité de surmonter l’inégalité mondiale. Elles doivent répondre aux énormes demandes mondiales en biens. La croissance verte est la perspective pour l’avenir. Les Etats devaient investir dans des activités à grande économie d’énergie, ainsi que dans l’éducation.
 
B.
La société mondiale attend des résultats de la Conférence des Nations unies sur le Changement climatique à Copenhague, en décembre 2009. Ainsi, la Commission de l’Internationale socialiste pour une Société mondiale durable a présenté, en septembre 2009, le rapport « D’une économie à haute teneur en carbone vers une société à faible teneur en carbone ».
 
C.
La Chine et l’Inde ont mieux surmonté la crise économique mondiale que des Etats en Amérique du Nord et en Europe. L’Amérique du Nord et l’Europe contribuent plus par personne aux émissions de gaz à effet de serre entraînant le changement climatique qu’aucun autre pays dans le monde. Il est clair que les pays plus développés doivent s’accorder sur des objectifs nouveaux et plus profonds pour réduire leurs émissions, alors que des nations moins développés, en particulier la Chine et l’Inde, doivent également s’engager à des réductions, même si les objectifs sont numériquement plus faibles. Depuis 2008, les structures actuelles de la politique économique mondiale, particulièrement le G8, ne répondent pas aux réalités et n’y font pas justice. L’établissement du G20 est un pas important vers l’implication de la majorité des peuples dans le processus de décision de la politique globale. Mais, à juste titre, l’Assemblée générale des Nations unies a demandé la participation de tous les Etats et de tous les peuples – un « G102 ». Les petits Etats peuvent accroître leur influence s’ils intègrent des modèles régionaux, à l’instar de l’Union européenne. L’Internationale socialiste soutient la régionalisation.
 
D.
Comme conséquence de la crise économique mondiale, l’inégalité sociale s’est accrue. Des différences sociales intolérables entre pays ont précédemment existé et existent toujours. Elles étaient, et sont, inacceptables. La crise financière mondiale est devenue interconnectée avec une succession de crises, telles que la crise alimentaire, la crise pétrolière, les pandémies, et autres…Des dix Etats les plus peuplés du monde, le Brésil, les Etats-Unis et la Chine, le Nigeria et la Russie – mesurés selon le coefficient de Gini – sont particulièrement injustes dans la redistribution des revenus.
 
E.
La crise financière mondiale a un impact sur la sécurité humaine et le développement durable dans toutes leurs dimensions. Des conflits liés à des facteurs économiques continuent à être justifiés par des différences culturelles et de valeurs. Ceci rend la résolution des conflits plus difficile. Une politique mondiale de la sécurité, pour la protection des droits humains universels devrait être mise en place. Une stratégie d’intervention humanitaire doit être fondée sur un mandat de l’ONU et l’inclusion des parties en conflit afin d’éviter l’escalade et de résoudre les conflits.
 
Il y a un besoin urgent de promouvoir le dialogue et la coopération culturelle, traitant des malentendus et des déformations existants. Ce dialogue culturel a été miné par les tentatives de dépeindre les conflits sociaux, les occupations militaires et les interventions militaires comme le résultat de différences culturelles et de valeurs.
 
1.       La dimension économique du développement durable mondial
 
1.1   La situation économique à la fin de 2009
 
Depuis septembre 2009, le monde connaît un rebondissement du Produit intérieur brut (PIB) – comme également constaté par le Fonds monétaire international. Mais les prévisions pour 2010, de 2,5 à 3 pour cent, sont toujours très en dessous de la moyenne à long terme prévue pour les dix années en cours, avant l’éruption de la crise, qui était au-dessus de 4 pour cent. Pour 2009, il y a toujours un déclin du Produit intérieur brut de 2 à 1 pour cent.
 
La crise financière et économique la plus sévère depuis le début des années 3O a causé des coûts élevés partout dans le monde. Lorsque les effets à court terme de la crise dans le secteur financier seront surmontés, les coûts pourront être calculés. Ils sont d’environ 10,500 trillons de $ US ou 1,500 $ US pour chacun des êtres humains. Ces fonds manquent pour lutter contre la pauvreté et pour la justice sociale. Ceci constituerait un triomphe pervers de la redistribution néo-libérale en faveur des riches. Si le coût de la crise est maintenant alourdi par des coupes budgétaires aux dépens des groupes les plus vulnérables, il est clair qu’ils ne sont définitivement pas en faveur de la grande majorité des personnes.
 
La diminution du PIB en 2009 et la lente croissance en 2010 restent liés à l’augmentation du chômage. La prévision de l’augmentation du chômage est de 50 millions d’unités dans les deux années à venir, voir plus.                
 
D’importantes différences peuvent être relevées entre les différentes régions et pays. Ces différences viennent des disparités toujours horrifiantes dans les niveaux de développement, par rapport au PIB par personne. Dans ce contexte, il est important de noter que les régions et les pays les moins développés ont besoin de taux de croissance plus élevés, alors que des régions et pays plus développés, mais touchés par le sous-emploi, demandent une politique de l’emploi qui porte une attention particulière à la redistribution du travail et aux qualifications des forces du travail.
 
4.500 millions de personnes vivent dans les dix Etats les plus peuplés du monde et dans l’Union européenne, faisant les deux tiers de la population mondiale, qui est de 6.700 millions. En Chine et en Inde, les populations se chiffrent respectivement à 1.330 et à 1.140 millions ; ces deux Etats ensembles font plus de 37 pour cent de la population mondiale. Les taux d’une croissance continue très élevée dans ces deux Etats – les estimations pour 2009 sont de plus de 8 pour cent et de plus de 5 pour cent – sont un support  pour assurer que le développement général dans ces deux Etats, devant bénéficier aux pauvres, ne s’arrête pas au point mort.
 
Les forts taux de croissance de la Chine dans les dernières décennies sont basés sur la promotion des exportations intensives. Des mesures en matière de la politique des devises ont aussi été prises, ce qui a contribué au déséquilibre sur les marchés financiers. La chute dans les exportations due à la faible demande des Etats-Unis et de l’Europe a également accru les niveaux du chômage en Chine et exacerbé les problèmes sociaux. Les intérêts d’un développement économique global sans crise seraient servis, si la Chine devait utiliser ses économies substantielles pour réamorcer la demande intérieure et améliorer ses systèmes de sécurité sociale. Le paquet énorme de stimulants fiscaux de la Chine, 450 milliards $ US, contribue à ce processus de restructuration en se concentrant sur les questions sociales et aide l’économie globale à récupérer.  
 
La Chine et l’Inde doivent assumer une plus grande responsabilité dans le développement économique global ; les pays les plus développés en Amérique du Nord et de l’UE doivent reconnaître ce fait. Il ne sera possible de stabiliser l’ordre financier mondial que si la Chine continue de participer à son entreprise. Une approche constructive devrait être adoptée dans les propositions de la Banque centrale de Chine pour une nouvelle réserve de devises ; ceci correspond aux recommandations de la Commission des Experts du Président de l’Assemblée générale des Nations unies.
 
Les perspectives pour d’autres Etats asiatiques, d’Afrique et du Moyen-Orient – la croissance du PIB pour 2010 sera de plus de 4 pour cent – sont aussi plus importantes que pour l’Europe et les Etats-Unis – et pour ce qui concerne l’Amérique latine, ses pays ont besoin d’une accélération de la croissance économique, en particulier pour diminuer les inégalités sociales de leurs citoyens.
 
1.2   Dessin d’une stratégie pour 2010
 
Les défis clés en 2010 seront le dessin d’une nouvelle stratégie pour une politique mondiale coordonnée. Des retraits non coordonnés des garanties bancaires pourraient conduire à des mouvements instables de capitaux d’états qui n’ont plus de telles garanties vers des états qui les offrent toujours. Réduire les paquets de stimulants agit comme un « choc négatif » sur l’économie, déséquilibré et soudain, et, particulièrement, des réductions prématurées dans ces paquets de stimulants pourraient conduire à une interruption du processus de relance.
 
Plusieurs Etats ont emprunté d’importantes sommes afin d’éviter que la crise n’empire. Même sans de telles actions compensatoires, les déficits se seraient accrus, simplement parce que la récession conduit à une baisse des revenus provenant des taxes et à de plus grandes dépenses. La manière dont les sauvetages ont été effectués dans plusieurs états a eu un impact non négligeable sur niveau de la dette publique à long terme.
 
Alors qu’il est naturel que les gouvernements répondent à ces déficits croissants par des coupes dans les dépenses, il est impératif que les services aux démunis et les investissements fondamentaux, tels que ceux dans les infrastructures, dans l’éducation et dans les technologies, soient maintenus. Agir autrement accroîtrait à long terme les coûts de la crise et imposerait des coûts supplémentaires aux victimes innocentes de celle-ci. Les gouvernements devraient éviter « le fétichisme des déficits ».
 
Il est aussi impératif que le secteur financier soit impliqué  dans le support des coûts de la crise. Agir autrement ne serait ni juste, ni efficace. Les sauvetages répétés constituent des subventions au secteur financier, et de telles subventions profitent à un secteur sur-gonflé et sapent les mesures incitatives.
 
Comme l’a déclaré le Présidium de l’IS, accroître la progressivité du système des revenus des taxes n’accroîtra pas seulement le sens de la justice sociale, mais aidera aussi à stabiliser l’économie – de telles taxes agissent comme des stabilisateurs économiques.
 
1.3   Travail
 
Les mesures pour stimuler la croissance peuvent créer des emplois et ainsi réduire le chômage. Toutefois, elles doivent être accompagnées d’une politique de l’emploi durable. Sans de telles politiques, les paquets de stimulants des gouvernements pourraient générer une croissance économique sans emplois. Pour les états les moins développés, cela signifie le transfert des emplois informels non protégés vers le marché du travail formel afin de créer une nation basée sur des principes de solidarité sociale, qui peut assurer une protection à long terme contre la pauvreté. Le Comité de l’Internationale socialiste pour la Politique économique, le Travail et les Ressources naturelles traite des questions du lien entre le travail et l’intégration sociale et de la protection sociale globalement. Le Comité présentera des propositions au premier Conseil de l’IS en 2010.
 
1.4   Commerce
 
Le volume du commerce mondial a également baissé ; pour 2009, une chute de 12 pour cent est attendue pour le commerce mondial, après une lente baisse de 3 pour cent en 2008, alors qu’avant la crise la croissance moyenne annuelle des années 2004-2007 était de 8 pour cent. La chute actuelle est le plus grand déclin, d’année en année, depuis les années 1930. Pour 2010, une croissance de seulement 2 pour cent est attendue.
 
Les mesures protectionnistes adoptées par les états les plus développés constituent le plus grand danger en réduisant encore plus les opportunités d’exportations des états les moins développés. L’Afrique, l’Europe du sud-est et le Mexique, entre autres, seront touchés par ces politiques. Certains des paquets de stimulants qui ont été adoptés impliquent des pratiques commerciales injustes, donnant des subventions et des incitations pour les firmes nationales. Cela gêne la relance des pays les moins développés, qui n’ont pas les ressources nécessaires pour prendre des mesures fiscales incitatives et pour donner un soutien à leurs industries nationales.
 
L’IS salue les engagements des Sommets des G20 de Londres et de Pittsburgh de ne pas créer de nouvelles barrières aux investissements ou au commerce des biens et des services en imposant de nouvelles restrictions aux exportations ou en prenant des mesures pour stimuler les exportations qui ne sont pas compatibles avec les règles de l’OMC. Toutefois, l’IS exhorte les Etats membres du G20 à honorer ces engagements.
 
L’IS lance un appel pour que les pays moins développés aient un plus grand accès aux marchés des états plus développés et pour la réduction des subventions agricoles par les gouvernements des pays développés. Le Cycle de Doha de l’OMC doit déboucher en 2010 sur un réel cycle de développement et ainsi contribuer à une politique mondiale coordonnée. Le principe directeur doit en être le « Commerce équitable ».
 
1.5   Politique mondiale des matières premières
 
Le prix de plusieurs matières premières a chuté au cours des deux premières années de la crise. Ceci pourrait être un avantage pour les consommateurs, en particulier dans les pays plus développés, mais, comme dans tout évènement, il y a aussi des désavantages, notamment pour les producteurs, comme on peut le constater dans la Communauté des Etats indépendants, en Amérique du Sud et au Moyen-Orient. Ceci est particulièrement problématique si les pays producteurs font partie de la catégorie des pays les moins développés.
 
Dans plusieurs cas, les liens entre la spéculation sur les marchés financiers et la spéculation sur les marchés des matières premières sont devenus plus influents. Des mesures pour contenir cette tendance ne sont actuellement pas encore incluses dans les nouvelles règles pour un ordre économique mondial viable. L’IS réitère ses propositions pour des fonds d’état afin de garantir à long terme les revenus des matières premières, qui doivent contribuer à promouvoir le développement des états en question et augmenter l’équité de la redistribution mondiale. La création d’un Fonds mondial pour les Matières premières devrait être prise en considération.
 
Durant la crise financière pétrolière et d’autres ressources naturelles, des états ont pris de fortes mesures d’incitation à des économies de précaution, qui ont également sapé l’ensemble de la demande globale. La spéculation peut jouer un rôle dans cette instabilité. Si tel est le cas, une taxe mondiale coordonnée sur les gains de capitaux pourrait refroidir une telle activité spéculative. Il serait toutefois imprudent pour les états avec une grande instabilité de revenus de ne pas prendre des mesures d’économies de précaution.
 
Les plus importantes matières premières sont les produits agricoles. L’IS soutient la décision du G20 d’assister les fonds des petits agriculteurs à hauteur de 15 milliards $ US.
 
Les subventions des pays industriels aux exportations vers les pays en développement doivent cesser. L’achat de terres agricoles dans les pays les moins développés par des pays plus développés est une cause majeure d’inquiétude. Cela ne peut qu’aggraver l’iniquité dans la distribution des ressources alimentaires. Des règles globales s’imposent afin d’assurer que nourrir les personnes dans les régions arables soit prioritaire au commerce des produits agricoles.
 
Il est vital de combattre la prise illégale de terres et de ressources naturelles dans le cadre d’une occupation militaire. Les droits des personnes de bénéficier de leurs propres ressources naturelles doivent être garantis et les produits provenant de l’exploitation de terres illégalement prises dans un territoire occupé devraient être interdits.
 
2.       La dimension sociale du développement durable mondial
 
En septembre, le Fonds monétaire mondial a décrit la crise mondiale sociale résultant de la crise financière. Une hausse du chômage serait inévitable. Une politique durable du marché du travail dans tous les états est indispensable. Mais en plus des problèmes mondiaux du chômage, il y a d’autres inégalités sociales, profondément ancrées. La crise financière a généré des conséquences spécifiques, ainsi que des conséquences pour les jeunes.
 
La pauvreté est une honte pour la société mondiale qui compte des millions de millionnaires. En 2000, tous les Etats se sont accordés sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement afin de combattre la faim et la pauvreté. La crise financière et ses impacts mettent en péril les accomplissements des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Quelques 100 millions de personnes en plus pourraient rester pauvres ou tomber dans la pauvreté. L’Internationale socialiste appelle les gouvernements et les parlements des Etats à faire tout le possible pour mettre en œuvre les OMD.
 
Aujourd’hui, plus que jamais, il est nécessaire que les Etats donateurs maintiennent et accroissent leurs engagements en faveur du développement durable. Dans aucune circonstance, ils devraient saisir la crise économique internationale comme excuse pour baisser l’aide internationale. Il est nécessaire que, sans délai, l’obligation des Etats donateurs de contribuer à hauteur de 0,7 pour cent du PIB d’ici 2015 soit honorée. En plus, une taxation mondiale (comme la taxe sur les transactions financière) est nécessaire pour utiliser les revenus de cette taxe pour les objectifs de développement.
 
L’efficacité de l’aide au développement dépend aussi de la bonne gouvernance et de la gestion démocratique des états moins développés et d’une coopération bien coordonnée entre les donateurs et les bénéficiaires. Néanmoins, un manque d’efficacité n’est pas une justification pour baisser le montant de l’aide. Sans une plus équitable redistribution du Produit intérieur brut, il n’y aura pas de développement durable, même avec la meilleure gouvernance possible.
 
La crise financière planétaire a particulièrement touché les travailleurs migrants. En moyenne, dans les différents états, plus d’un quart des nouveaux travailleurs au chômage sont des immigrants. De plus, les travailleurs migrants vivent toujours dans des circonstances plus difficiles que les chômeurs dans leur pays de résidence car ils leur manquent le soutien familial. Pour cette raison, l’IS s’inquiète des conséquences de l’immigration circulaire. Elle soutient les plans de retours volontaires, tout comme le droit de ces citoyens à la protection sociale au nom de l’égalité des chances. L’IS salue le Rapport sur le Développement humain du Programme des Nations unies pour le Développement 2009, qui traite de la question de l’immigration mondiale. Elle soutient les propositions du PNUD.
 
L’IS est consciente des problèmes de la politique sociale partout dans le monde, mais particulièrement dans les pays très peuplés. En Chine et aux Etats-Unis, pris ensembles, les deux états les plus puissants, vivent plus de 20 pour cent de la population mondiale. Ces deux états ont commencé des réformes pour améliorer l’intégration sociale de leurs citoyens économiquement les plus faibles.
 
Les efforts du Président américain, Barack Obama, pour introduire un système de santé plus efficace et plus socialement orienté est un pas nécessaire dans cette direction. Ces efforts font progresser les besoins mondiaux d’une politique de protection sociale.
 
Le Gouvernement de Chine a utilisé ses économies substantielles pour stimuler la demande intérieure et améliorer ses systèmes de sécurité sociale. Ceci pourrait être le début d’une concentration sur les questions sociales, d’une restructuration des conditions de la vie sociale et de l’accomplissement d’une plus juste redistribution des revenus en Chine : un Etat providence chinois.
 
3.       La dimension écologique du développement mondial durable
 
A son Congrès d’Athènes en juillet 2008, l’Internationale socialiste s’est prononcé en faveur de l’adoption par la communauté des états de l’objectif de 2 degrés Celsius comme point central de tout accord universel. Il doit être garanti à la Conférence sur le Changement climatique des Nations unies à Copenhague, en décembre 2009. Dans les 10 à 15 années à venir, les émissions de gaz à effet de serre dans le monde doivent s’acheminer de façon constante vers l’objectif de 2 degrés Celsius. La Commission de l’Internationale socialiste pour une Société mondiale durable a présenté, en octobre 2009, son rapport « D’une société à haute teneur en carbone vers une société à faible teneur en carbone ». Réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre dans la consommation d’énergie ne sera possible que si des transferts de technologies et le renforcement des capacités au regard de la mitigation et de l’adaptation puissent se faire. Les pays les mieux développés doivent faire des efforts pour fournir aux pays moins développés le soutien financier et technique nécessaire. Les fonds pour les transferts de technologies et de renforcement des capacités sont très importants.
 
4.       La dimension culturelle du développement mondial durable
 
La dimension culturelle du développement durable est l’éducation pour tous. Toute personne, dans chacune des régions et dans chacun des états – en particulier les jeunes générations – doivent recevoir une éducation élémentaire, et des technologies et valeurs humaine. Les propositions de l’IS pour garantir un revenu à long terme provenant de leurs produits afin d’aider au développement des pays en questions et d’améliorer l’équité de la redistribution mondiale ne peuvent être mises en œuvre que si des personnes bien formées et qualifiées puissent accéder aux emplois adéquats. L’IS discutera de ces idées, de quelle manière la politique mondiale d’utilisation des ressources naturelles et la politique mondiale d’éducation peuvent être liées.
 
5. Un système politique plus démocratique de la Société mondiale
 
Le développement mondial durable dans ses quatre dimensions ne peut réussir que si le système politique de la société mondiale est plus démocratiquement et plus efficacement institutionnalisé. La Gouvernance mondiale démocratique est une nécessité urgente. Les institutions mondiales – comme faisant partie du système politique mondial multilatéral et « multi-niveaux » en son entier - doivent avoir la capacité, la flexibilité et l’autorité de satisfaire les attentes et demandes croissantes de la société mondiale des citoyens pour un avenir sûr et viable. Mais ces institutions doivent accroître leur légitimité démocratique et renforcer la confiance en devenant plus représentatives, plus transparentes et plus responsables.
 
Les conflits politiques en cours empêchent le développement mondial dans ses différentes dimensions. Certains de ces conflits ont non seulement un impact local, mais aussi régional et mondial. Leurs causes profondes doivent être prises en compte afin de permettre le développement économique, social, environnemental et culturel. Cela demande le soutien du droit international, assurant le respect des Droits de l’Homme, prenant en compte les inégalités croissantes. Une stratégie de développement réussie doit inclure une stratégie pour arrêter les conflits et assurer les droits des personnes.
 
L’IS soutient les Recommandations de la Commission des Experts du Président de l’Assemblée générale des Nations unies sur la Réforme du Système monétaire et financier international.
 
Les Recommandations démontrent que les problèmes institutionnels peuvent être résolus en même temps que de nouvelles règles pour les marchés financiers mondiaux sont émises, en particulier au regard du comportement du G20 vis-à-vis de l’ONU.
 
L’accord du G20 à Londres sur de nouvelles ressources pour les pays les moins développés démontre que le G20 constitue un pas en avant vers l’organisation de la participation mondiale et la prise en charge du développement économique mondial. Le G7/8 n’est plus capable de forger une politique économique mondiale à lui seul.
 
Toutefois, le format du G20 exclut les pays les plus pauvres. Un ordre mondial respectueux de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, et des droits civiques et politiques, ne peut pas fonctionner s’il n’entrevoit pas la pleine participation de toutes les régions – et ainsi de tous les citoyens – partout dans le monde.
 
Les propositions de la Commission de l’Internationale socialiste pour une Société mondiale durable sur «Redéfinition et réformer de la Gouvernance mondiale et renforcer l’Institution internationale » contribueront aux efforts pour atteindre cet objectif fondamental du Système politique démocratique de la Société mondiale.
 
 
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